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Sexualité et prison, d’Arnaud Gaillard (éd. Max Milo)

Sexualité et prison, d’Arnaud Gaillard (éd. Max Milo)

sexualite et prisonPrison et sexualité, deux mots qui ne font pas bon ménage… Arnaud Gaillard, juriste et docteur en sociologie, lève le voile grâce à cette enquête minutieuse sur la situation catastrophique qui touche les personnes détenues dans les prisons françaises.

Comme les pionniers – on pense à Philippe Combessie et Anne-Marie Marchetti -, Arnaud Gaillard a choisi d’analyser les rouages de l’institution pénitentiaire; il se singularise néanmoins de ses aînés grâce à une problématique inédite et passionnante : la sexualité en prison.

Loin des stéréotypes habituels sur l’univers carcéral, le sociologue analyse les conséquences de l’interdiction de la sexualité en prison et sur la misère affective qui découle d’une situation où les relations familiales sont limitées au parloir.

Deux mots reviennent fréquemment dans cet ouvrage : altérité et désocialisation. Le manque d’altérité a des effets très importants sur la santé mentale des personnes incarcérées, surtout dans le cadre des longues peines. Les prisonniers privés de sexualité durant des années ont le sentiment de perdre leur virilité, fondement de leur idendité masculine. Arnaud Gaillard en déduit qu’à la contrainte des corps s’ajoute celle des sens.

Abreuvés de pornographie, contraints de régresser vers une sexualité solitaire, les détenus perdent jour après jour confiance en eux. Cette situation peut avoir pour conséquence le développement de comportements pervers qui seraient bien entendu contraire aux effets attendus de l’incarcération , à savoir l’amendement et la réinsertion du détenu à la fin de sa peine. On retrouve là tout le paradoxe de la prison…

Arnaud Gaillard analyse aussi la place de l’homosexualité en détention. Il en arrive à la conclusion que l’homophobie est omniprésente en prison, car elle a la vertu psychologique, pour ceux qui stigmatisent et ostracisent les détenus considérés homosexuels, de préserver l’image qu’ils avaient d’eux avant leur mise sous écrou, une image positive et virile.

Le maintien de liens familiaux ainsi que d’une sexualité dans la norme permettent de faciliter la réinsertion. Au contraire, l’impossibilité de conserver des relations avec le monde extérieur désocialise le detenu, le rend inapte à la vie en société, et renforce de fait la haine sociale qu’éprouve le prisonnier à l’égard de la justice et de l’institution carcérale. Dès lors, la récidive est proche…

Comme le disait Michel Foucault, la prison fabrique de la déviance; de plus, pour reprendre la formule de Philippe Combessie, elle appauvrit les enfermés sur les plans psychologique, économique et symbolique.

A l’instar du Canada, la France dote petit à petit et à doses homéopathiques ses prisons d’ unités de visites familiales (U.V.F.), afin de favoriser le maintien de liens conjugaux et familiaux et préserver l’intimité des prisonniers.

Néamoins, Arnaud Gaillard nous met en garde contre la possibilité que l’amélioration des conditions de détention légitime le recours à l’enfermement généralisé. Il nous interroge en filigrane sur la place de la prison dans nos sociétés contemporaines et occidentales, et nous invite à nous démarquer grandement du modèle états-unien, où les stocks carcéraux augmentent de façon exponentielle.

Ouvrage très réussi , Sexualité et prison pourrait rapidement devenir un livre de référence pour les chercheurs en sciences sociales, les travailleurs sociaux…et on l’espère pour la Garde des Sceaux.

Arnaud Gaillard sera invité le jeudi 1er avril à 20 h 45 dans le cadre des Rencontres sociologiques du Mantois organisées par La Réserve

                                                                             Gaillard