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Zuleika Dobson de Max Beerbohm (éd. Monsieur Toussaint Louverture)

Zuleika Dobson de Max Beerbohm (éd. Monsieur Toussaint Louverture)

Ce texte, publié en 1911 (traduit par Philippe Néel, révisé par Anne-Sylvie Homassel), est un véritable petit joyau d’écriture. Fin, élégant, pittoresque, drôle, parfois sarcastique, ce roman retrace l’aventure de Zuleika Dobson, femme fatale en visite à Oxford chez son grand-père. Cette magnifique créature, qui fait se pâmer toute la gent masculine qu’elle croise sur sa route, a décrété qu’une femme de sa qualité ne peut tomber amoureuse que d’un homme assez original pour rester indifférent à ses charmes. Ce qui ne lui est bien évidemment encore jamais arrivé.

Sur le campus, elle rencontre un jeune dandy, le duc de Dorset, qui ne se retourne même pas sur son passage. Elle croit avoir trouvé l’oiseau rare et en tombe follement amoureuse, jusqu’au moment où elle découvre que Dorset cache son jeu. Éperdument épris de Zuleika, il la demande en mariage. La jeune femme, dépitée devant tant de faiblesse, le congédie de façon blessante. Désespéré, le duc ressasse des idées suicidaires et entraîne avec lui de très nombreux étudiants qui vont se noyer dans la rivière. Dans un sursaut de pulsion de vie, il décide de renoncer à son dessein, mais son destin, sous la forme de deux noirs hiboux, finira par le rattraper.

Badinage satirique et drame romantique tout à la fois, Zuleika Dobson est une « fantaisie » où le frivole le dispute à la gravité, la noblesse à la mondanité, l’extravagance à la fatuité. Outre « le sublime et le grotesque » chers à Hugo, l’auteur ajoute ici un troisième ingrédient : l’humour, qui donne lieu à de réjouissants dialogues effrontés et des scènes baroques non moins cocasses :

Encore des bruits contre les vitres. Cette fois-ci, elle s’en étonna. Il ne semblait pas pleuvoir. Se pût-il que ce fût…une poignée de gravier ? Elle courut sans bruit à la fenêtre, l’ouvrit, regarda dans la cour. Elle vit le visage du Duc levé vers elle. Elle recula, tremblante de fureur et jeta les yeux autour d’elle. L’inspiration lui vint : Elle se pencha de nouveau : « Vous êtes là ? mumura-t-elle.

- Oui, oui. Je savais bien que vous viendriez.

- Un moment. Attendez.

Le pot à eau était à terre, près de la toilette. Il était presque plein, assez lourd. Elle le porta sans faiblir à la fenêtre et regarda. « Approchez un peu ! » dit-elle.

Le visage levé, tout illuminé de lune obéit. Elle vit ses lèvres former le nom de « Zuleika ». Elle visa avec soin.

En pleine figure s’écrasa la cascade illuminée par la lune, rejaillissant de tous côtés, comme les pétales d’une grande anémone d’argent.

Enfin, la fraîcheur des illustrations de Georg Him relève encore plus l’impertinence du propos. Grâce à ces facétieux croquis, cette langue savoureuse et la magnifique qualité d’impression de l’ouvrage (papier épais agréable au toucher, couverture rutilante, police élégante), la lecture de ce livre m’a ramenée au temps de mon enfance et des livres de mes grands-parents que je lisais goulûment.

Comme le dit Monsieur Toussaint Louverture sur la quatrième de couverture : « A ce prix-là, nous aurions bien voulu vous offrir l’amour, mais l’imprimeur n’en avait plus »

Vous m’avez donc offert du divertissement et une délicieuse madeleine de Proust, c’est déjà beaucoup !