1995 :Maman Pauline meurt.
Même s’il s’agissait cette fois-ci de ma mère, je ne parvenais pas à dominer mon appréhension et trouvais même que le manque de moyens financiers pour me rendre au pays était un alibi qui m’aidait à me défausser sans entretenir de remords. Je ne supportais plus de me regarder dans la glace, de peur de voir le reflet de mon ingratitude à l’égard de celle qui devait sagement m’attendre dans sa bière, entourée des membres de la famille écœurés par mon absence.
Dix-huit ans après cet événement et vingt-trois ans après son dernier séjour au pays, l’institut français de Pointe-Noire invite Alain Mabanckou pour une série de conférences. Ce séjour au Congo est pour lui avant tout l’occasion de se replonger dans son enfance, d’effectuer un retour aux sources.
Chaque chapitre du roman tire son nom d’un titre de film, le cinéma ayant tenu un rôle prépondérant dans la jeunesse de l’auteur. C’est, entre autreS, pour cette raison qu’il vit très mal la transformation du cinéma de son enfance en église pentecôtiste! Dans un style épuré, parsemé d’anecdotes et de souvenirs tantôt émouvants tantôt drôles, Alain Mabanckou rend hommage à sa famille et en particulier à sa mère. Cette femme, plus grande que son mari, n’hésitait à simuler la lecture du journal (malheureusement en le tenant à l’envers) afin de garder une contenance et une certaine supériorité face à Papa Roger. Femme indépendante avant l’heure, maman Pauline s’était acheté son lopin de terre et traitait son mari comme un locataire.
À travers certains membres de sa famille tel que Grand Poupy ou Tonton Mompéro, l’écrivain nous livre une part intime de lui-même, ces gens qui l’ont aidé à se construire et à devenir ce qu’il est aujourd’hui. Mais l’intérêt du livre vient aussi du regard d’adulte qu’il pose face à l’évolution de son pays en général et de son village en particulier ,par opposition à ses souvenirs d’enfant que le passage du temps n’a pas épargné, à l’image des photos qui jalonnent le livre.