Lorsque les clients de l’hôtel Impérial parcourent le hall ou la salle du restaurant, ils ne perçoivent que le décor clinquant et sans style définissable propre à tous les établissements de ce genre : fleurs artificielles, miroirs dorés, personnel impeccable, empressé et invisible.
Gabriel Lightfoot, lui, sent bien que quelque chose cloche. Un truc pas clair. A l’Impérial ou chez lui. Ou les deux. En fait, depuis que Yuri, le plongeur, a été retrouvé mort dans les sous-sols, il y a pas mal de choses qui lui échappent. Mais est-ce qu’il maîtrisait vraiment sa vie jusque-là ?
Et pourtant… Gabriel, chef de cuisine récemment embauché pour redorer le blason de l’ancien palace, avait tout planifié : un an à l’Impérial avant d’ouvrir son propre restaurant à Londres puis son mariage avec la belle Charlie et …
Difficile de résumer ou de classifier ce roman, à la fois polar sombre dénonçant les formes modernes de l’esclavage à Londres et chronique familiale douce-amère au sein d’une communauté provinciale touchée par le déclin industriel et le racisme ordinaire. Mais aussi plongée jubilatoire dans la fournaise des cuisines où l’on comprend que les mets finalement disposés sur la porcelaine blanche doivent autant à l’adrénaline, la testostérone et la sueur qu’à la sarriette et à la mousse de poivron et où l’on fait quelques rencontres savoureuses (mon préféré restant le chef Albert : pâtissier français dépressif et accroc au Viagra).
Monica Ali navigue entre une distance empreinte d’un humour irrésistible et une intimité presque obscène avec les moindres pensées d’un homme qui s’effondre. A travers chaque personnage et chacun des aspects du récit elle pose d’une manière différente la question de la liberté et du choix, individuel, collectif, politique…
Et en bonus : le secret de la crème anglaise sans grumeau !