1990 : Genna Hewett-Meade, la fille blanche, décide de coucher sur papier sa première année de collège; l’année où sa vie a basculé. Peut-être cherche-t-elle la rédemption…
Issue d’une famille bourgeoise et libérale (aux grandes idées et aux multiples combats – guerre du Vietnam, Ku Klux Klan – mais si rarement présents pour leur fille), elle intègre en 1974, l’université Schuyler, créée par un des ses ascendants.
Elle partage sa chambre avec Minette Swift. Elle, c’est la fille noire, boursière et fille de pasteur. Personnage assez étrange, hautaine et désagréable, qui rejette toute amitié noire ou blanche. Les gens la prennent en grippe assez rapidement. Peu à peu, des actes racistes surviennent à son encontre. Genna tente de l’aider par tous les moyens (son but étant de se faire aimer de cette fille, coûte que coûte), tandis que Minette se renferme d’autant plus et sombre dans une extrême paranoïa.
On le sait dès le début, c’est l’année ou Minette mourra. Ce que l’on sait moins, c’est que cette relation particulière que Genna (cette obsession devrais-je dire) tente vainement d’entretenir avec sa compagne de chambrée la mènera elle aussi à sa perte.
Une fois de plus, Joyce Carol Oates nous plonge avec délectation dans un roman psychologique complexe dont elle a le secret. C’est avec art qu’elle dissèque l’Amérique des années 70, le racisme ambiant. A travers ces portraits de femmes, Oates nous décrit deux êtres que tout oppose, mais qui, au final, ont les mêmes peurs, les mêmes défaillances, la même solitude et le même lourd héritage familial.