Dans son premier roman, Lucile Bordes nous plonge dans l’histoire de sa famille. Alors, encore une histoire de famille ? Un passé douloureux ? Un passé inavouable ? Point du tout ! Enfin, un secret si l’on veut, dans la mesure où l’auteur a découvert la vie de ses ancêtres en tenant compagnie à son grand-père : elle est la descendante d’une troupe de marionnettes illustre, le Théâtre Pitou.
En 1850, Auguste, garçon épicier sans histoire, décide de suivre sur les routes une troupe de saltimbanques. C’est ainsi que naît la passion d’une famille sur plusieurs générations.
A travers l’histoire de cette troupe, nous rencontrons un siècle d’événements quire malmènent autant la vie professionnelle que personnelle : deux guerres (1870 et 14-18), l’arrivée du cinéma, le racisme dû à leur statut de gens du voyage.
Mais attention, pas question de les comparer à Guignol :
…ça n’est pas du spectacle, c’est du chahut. […] Non, vraiment, la seule marionnette qui vaille est la marionnette à fils, plus noble car plus complexe à manipuler, et dont les mouvements imitent le naturel.(p. 38)
Le représentant le plus illustre en est Crasmagne, marionnette offerte à Auguste et qui ne quittera plus les Pitou.
Le théâtre doit beaucoup à Émile (le fils d’Auguste), qui s’est découvert une vocation pour la mise en scène. La troupe atteint son apogée juste avant la Première Guerre mondiale, même si évidemment cette passion s’accomplit souvent au détriment de sa vie familiale.
Je suis la marquise de Carabas est un court récit récit, vif, bien mené, sans lourdeur et qui se révèle tour à tour drôle et poignant.