Paul Fournel est romancier, éditeur, lecteur, oulipien, épicurien. Et joueur.
Il adore jouer avec nous, les lecteurs. Nous embarquer dans son univers où chaque rituel, chaque détail, banal ou extravagant, vont prendre pour nous force d’évidence : qu’est-ce qu’on boit à midi? Un brouilly! Et qu’est-ce qu’on fait le week-end ? On lit des manuscrits!
Reprenons. Le narrateur, Robert Dubois, est un vieil éditeur germanopratin, que le cours naturel des choses pousse vers la sortie. Dernier acte : on lui remplace sa pile de manuscrits du week-end par une liseuse. Mais, comme on n’est pas chez Berberova, ce n’est pas une lectrice, mais une machine; un i-bidule. Loin d’être désarçonné, notre héros va nous entraîner dans sa prise à bras-le-corps des problèmes contemporains du livre : On lit pareil? Ça change quoi? Et on écrit pareil ? Et les libraires et les éditeurs dans tout ça? Et l’odeur du papier ? (Bon là je ne peux pas résister à vous renvoyer à l’excellent François Bon et à son brûlot Après le livre, éd, du Seuil. Pour une interview aller voir ICI.)
Mais avec Paul Fournel on est dans un roman, et il sait nous entraîner dans une sarabande échevelée, loufoque, où le narrateur organise sa propre déchéance-apothéose avec maestria, émotion et profondeur.
Ce livre est un délice, où Paul Fournel ne se refuse rien : on aurait tort de s’en priver.
resbuzz : Paul Fournel sera notre invité le 26 janvier prochain à 20 h 45.