Décidément, nos grands auteurs aiment le sport.
Avec Denis Lehane, et son magnifique Un pays à l’aube (éd. Rivages), on ne peut plus rien ignorer du base ball. En fait si on n’y comprend toujours rien, peu importe, c’est d’abord un grand roman social sur l’Amérique des années vingt. Avec son inoubliable grève de flics à Detroit.
Pour Clint Eastwood, dans Invictus c’est le rugby qui est à l’honneur. Mais, bon, toute la dramaturgie sportive est là pour illustrer le premier acte politique décisif de Mandela en tant que président de la nouvelle Afrique du Sud.
Ajoutons, et sur ce site s’il vous plait, car Dimitri l’a découvert il y a un moment avant que je le dévore à mon tour : Starvation Lake de Bryan Gruley (éd. Cherche-midi). On ne comprend même pas pourquoi on n’est pas tous fans dehockey ! Mais là aussi ce n’est quand même pas le principal dans ce superbe thriller.
Et Don Winslow avec La Patrouille de l’aube (éd. du Masque), me direz-vous, puisque c’est le sujet de cette chronique, ça parle de voltige aérienne ? Que nenni, de surf. Et c’est vrai qu’on découvre un sport (moi en tout cas), mais au-delà un mode de vie, voire une philosophie. Et, pour comprendre l’Amérique underground, le surf, né dans les années cinquante, est peut-être le chaînon manquant entre les beatnicks, les hippies et le New Age.
Et le roman noir là-dedans, il clapote dans le petit bain? Eh non, il est sur une très très grosse vague! La patrouille de l’aube, c’est un petit groupe, fait de bric et de broc, de surfeurs unis à jamais pour le meilleur. Et quand le pire arrive, ça donne quoi ? Chacun va jouer son rôle : le flic, le privé, le sauveteur en mer, la serveuse de bar. Et ce qu’ils ont à affronter n’est pas mince, et surtout pas clair au début. Disons simplement qu’on aperçoit les frontières de l’abjection humaine quand on arrive au trafic de petites filles.
Winslow nous fait monter tout cela avec talent, au fur et à mesure que se profile la gigantesque vague que tous attendent. L’épreuve de vérité qu’on ne doit pas rater. Sauf que…
Encore un excellent roman noir de Don Winslow après le très efficace Hiver de Frankie Machine, et l’énorme, mais difficile et envoûtant Griffe du chien (livre magistral sur la guerre américaine « contre » la drogue en Amérique centrale). Sans parler de la saga en 5 volumes parue à la série noire il y a vingt ans autour du personnage de Neil Carey (et notamment Le Miroir du Bouddha, premier polar qui parlait de la Chine contemporaine, bien avant Qiu Xiaolong ou Peter Mayle, excellents auteurs par ailleurs.