C’est en voyant une jeune prostituée de Bombay écrivant dans un cahier bleu que vint à l’auteur l’idée de ce roman.
A neuf ans, la petite Batuk est vendue par son père à un bordel. Son cauchemar ne fait que commencer, son enfance est brisée. Elle a la chance de savoir écrire et de nous faire partager son journal.
Celui-ci est en deux parties. Dans la première, elle nous raconte sa brève enfance, son arrivée à Bombay et surtout les « pains au lait » qu’elle doit faire pour satisfaire les messieurs. Elle s’invente des histoires et rêve d’un futur meilleur avec son ami Puneet, prostitué comme elle.
Le ton est tout en retenu, délicat et raconté avec ce qu’il lui reste d’innocence.
Dans la seconde partie, Batuk a quinze ans et vient d’être vendue pour devenir esclave sexuelle d’un fils à papa. C’en est terminé des images pour dire ce qu’elle subit. Maintenant qu’elle a grandi, Batuk prend vraiment conscience de toute la violence de sa condition. Elle ne nous épargne rien : le ton est cru et certains passages chamboulent complètement. Cette violence descriptive n’est pourtant pas gratuite. En effet, il ne faut pas oublier que ce terrible roman illustre ni plus ni moins que l’atroce quotidien de milliers d‘enfants indiens…et de bien d’autres pays.
Un livre qui bouleverse, qui dérange…et c’est tant mieux. La littérature est aussi là pour ça !