Inspiré par les mémoires d’une mère aimante et dévouée dont le fils figure sur l’Affiche rouge, un réalisateur de film projette de tourner une biographie de Thomas Elek.
Ce jeune Juif hongrois, surnommé Tommy au sein du groupe Manouchian, fut fusillé au Mont Valérien en 1944 pour actes de terrorisme contre l’armée occupante.
Obsédé par ce personnage tragique et sa courte vie si dramatiquement mêlée à la grande Histoire, profondément ému par ce héros de la résistance qui n’hésitait pas à tuer du haut de son adolescence, troublé par ce beau jeune homme très attaché à sa mère mais déterminé à combattre à la vie à la mort, notre réalisateur, trouve enfin un jour en Gabriel le parfait interprète pour tenir le rôle principal.
Même si Gabriel paraît aussi insouciant que Tommy était radicalement engagé dans une lutte sans merci, il a un visage d’ange, comme Tommy, une blondeur innocente et des regards où frise l’insolence de sa jeunesse. Mais surtout, le réalisateur a l’intuition profonde que Gabriel, simple lycéen repéré dans la rue, a en lui quelque chose de Tommy qui lui permettra d’incarner son personnage au plus près de ce que fut la personnalité de ce jeune martyr.
Le tournage du film révèlera que cette intuition était la bonne, au-delà de toute espérance. A tel point que Gabriel va vivre douloureusement son personnage, va vouloir suivre ses traces dans Paris, vivre dans le meublé où il avait préparé ses attentats. Il nouera une relation profonde avec l’interprète hongroise qui tient le rôle de la mère, cherchant à vivre par procuration l’amour qui unissait le fils et la mère. Il parlera comme Tommy, pensera comme Tommy, agira comme Tommy. Il deviendra Tommy.
Gabriel va se rendre malade au fur et à mesure du récit de la vie du jeune juif : il s’isolera de plus en plus lorsqu’il s’agira de filmer sa filature et son arrestation, il subira jusque dans son corps la réclusion et les séances de torture à Fresnes. Vient alors l’échéance de la mort violente et cruelle du jeune adolescent dans la clairière des fusillés, ce qui poussera Gabriel au bord du déni de vie.
Expérience éprouvante pour le jeune homme, ce film sera aussi un baptême du feu pour le réalisateur qui incite dangereusement Gabriel à une identification totale et destructrice. Réalisateur et interprète, à différents degrés, se sont perdus dans les méandres d’une histoire réelle et tragique qu’ils nous racontent comme si leur vie en dépendait.