Nous sommes à Vienne en 1945. Un révérend noir américain, H. W. Smith, débarque par hasard dans la cave d’une maison en ruine et se trouve face à une bande d’enfants qui y a élu domicile.
Oubliés de tous, rescapés des camps ou issus de la jeunesse hitlérienne, ils n’ont plus rien de leur âme d’enfant. Ils ont organisés leur survie : de menus larcins et la prostitution leur permettent de subvenir à leurs besoins ou d’accompagner l’un des leurs dans la mort. A force de persuasion, ils vont se confier, raconter leurs histoires respectives au révérend qui va tout tenter pour les sortir de la misère.
Ce huis-clos à portée universelle se veut le témoignage d’enfances sacrifiées par des adultes. Tout d’abord écrit en 1946 en anglais, Robert Neumann, juif autrichien, le réécrit en allemand trente ans plus tard. C’est alors qu’il invente la langue que parlent les enfants (un mélange d’argot viennois, de yiddish et de slang américain), un langage qui rend compte des origines multiples mais aussi du chaos indescriptible qui fait suite à la guerre et au fascisme. On imagine aisément quel scandale a pu faire ce douloureux roman à sa sortie. Encore faut-il que cela serve de leçon…