Même s’il ne s’agit pas d’un polar, le sujet de L’Homme à la carabine est assez noir, puisqu’il évoque la folle équipée de la Bande à Bonnot, ces « bandits en auto » dont la légende est arrivée jusqu’à nous.
Pécherot nous les fait découvrir au moment où tout est fini, ou presque. On est en 1913, ils sont en prison et, pour chacun, on revoit les circonstances de leur cavale, de leur arrestation : leurs espoirs, leurs dérives, leurs joies, leurs peines… et celles qu’ils infligent aux autres.
On entend aussi le point de vue de ceux qui les regardent, les subissent ou les pourchassent. Ou qui écrivent sur eux.
Cette vieille histoire a laissé des traces profondes dans l’opinion : ils sont devenus, pour des dizaines d’années, démons ou héros malgré eux. Pécherot nous la fait revivre à travers un roman ambitieux littérairement et envoûtant pour le lecteur, qui se focalise sur un des personnages, André Soudy, le plus jeune, le plus fragile sans doute.Le seul dont on entend véritablement la voix.
Un beau roman que Gallimard, a publié dans la collection Blanche, et non dans l’habituelle (et prestigieuse elle aussi) Série noire, qui a publié les précédents livres de Patrick Pécherot. Une évolution chez lui aussi sans doute, mais aucunement un renoncement à ses thèmes de prédilections et à sa manière bien à lui de mêler destinées tragiques, vision lucide de la société et certains moments clés de l’Histoire. Qui, comme par hasard, en disent aussi beaucoup sur notre présent.