[par Nathalie Goldgrab]
Philip Kerr parvient brillamment à décrire le Berlin décadent et son contexte politique tourmenté qu’il éclaire de façon discrète mais efficace par des explications s’insérant adroitement dans le récit. Se basant sur le livre « La auténtica Odessa » d’Uki Goni, journaliste argentin et membre de la commission d’enquête sur les activités nazies en Argentine (CEANA), il mêle fiction et réalité historique avec beaucoup de maestria. Pour enfoncer le clou sur le passé trouble de l’Argentine, le romancier n’hésite pas à prolonger la « directive Onze 11″ historique par une « directive Douze » fictive à nous glacer les sangs.
Ce récit palpitant est une excellente introduction à cette page de l’histoire contemporaine qui nous réserve encore certainement des surprises (voir la polémique autour des archives concernant Adolf Eichmann et sa fuite en Argentine détenues par les services secrets allemands).
Trois femmes, trois générations, quelque part en Amérique du Sud, partageant un destin commun de maternité violée, arrachée, subie.
Trois fortes personnalités dignes, droites et fières, malgré les handicaps de la vie comme la pauvreté, la prostitution ou le simple fait d’être née femme, de père inconnu, renié, caché.
Ce n’est pas un roman sur la misère sociale [...]