[par Nathalie Goldgrab]
Si vous aimez les histoires déjantées mâtinées de mysticisme et de philosophie pratiqués en dilettante, les héros saugrenus et les narrateurs qui ont des hémorroïdes ; si un pastiche de la culture hippie vous tente malgré un décalage de près de quarante ans qui fait que certaines audaces littéraires ou subversions éhontées passent aujourd’hui inaperçues ; si vous aimez le style frénétique et bouillonnant de Tom Robbins qui excelle à relier dans une phrase des éléments dont la combinaison est follement incongrue ; si vous êtes prêts à subir un feu d’artifices d’imagination débridée qui vous bombarde l’esprit comme le harcèlement d’une guêpe lors d’agapes estivales, alors cette bien étrange attraction est faite pour vous !
[par Nathalie Goldgrab]
Écrit en 1952, ce texte intense, fervent et glaçant tout à la fois, est certes très exigeant. Stig Dagerman, jeune homme idéaliste tourmenté, très certainement hypersensible et d’une acuité impressionnante malgré son jeune âge, livre ses considérations sur la liberté de l’homme, l’emprise du désespoir, la difficulté de vivre, le salut de la création. Il oscille entre le constat d’une grande désolation empreinte d’une inexorable vanité et une aspiration éperdue au bonheur, une rage dévorante de vivre.
(…)
Cette réflexion, comme un testament, est d’une fulgurance d’autant plus douloureuse qu’elle s’appuie sur une analyse méthodique, une démonstration accablante, une rigueur intellectuelle éclairée. D’un côté, il y a le bouillonnement de celui qui veut survivre coûte que coûte, de l’autre il y a la froideur de la réalité. Cette dualité si paradoxale décuple la puissance du propos. Le raisonnement sec qui mène alors au constat impassible de l’échec entre brutalement en collision avec les affres de l’impuissance, la fièvre de l’émotion, l’agitation des sentiments, la commotion de l’âme. Et cela nous heurte de plein fouet, nous touche et nous foudroie.