Le jeune Arnljotur quitte la maison paternelle pour s’envoler vers le continent. Dans son sac, trois boutures de rosa candida enveloppées dans du papier journal, un spécimen rare de rose à huit pétales. Imprégné du souvenir d’une mère récemment emportée par un accident de voiture, il se rend dans un lieu très retiré, un monastère célèbre pour sa roseraie aujourd’hui à l’abandon. Là il pourra se consacrer à la passion qu’il partageait avec sa mère : la culture des fleurs, et un goût profond pour la nature avec laquelle il entretient une proximité exceptionnelle.
Dans la serre du jardin familial, victoire sur l’âpre paysage naturel de la région (champs de lave et de lichens), il a, un petit bout de nuit, aimé et mis innocemment enceinte Anna, l’amie d’un ami. Flora Sol est sa petite fille de sept mois qu’il n’a vue que deux fois ( de très belles pages racontent l’accouchement auquel il a assisté). Son emploi bénévole, ainsi que l’arrivée inattendue d’Anna et de l’enfant, sera l’occasion de découvrir en lui l’adulte prêt à s’épanouir.
Ce jeune homme est un candide attendrissant et drôle, qui aime la vie telle qu’elle est, avec une simplicité authentique, dans une symbiose totale avec la nature et le végétal en particulier. Quoi qu’il arrive, la vie s’écoule paisiblement, nous sommes enveloppés dans une lecture en état de grâce, emplie de douceur et de profondeur à la fois.
Autour de lui gravitent des personnages également savoureux, comme le moine cinéphile et amateur de liqueur. Sensibilité, justesse psychologique, clarté et poésie de l’écriture, situation originale, tout concourt à rendre les personnages attachants.
Bref, un bonheur de lecture qui rappelle en écho l’écrivain finnois Paasilinna, et toute la saveur étrange et lumineuse de la littérature scandinave. Une littérature reposante, où tout est dédramatisé sans mièvrerie et cependant très réaliste.