C’est le portrait d’une certaine jeunesse moscovite d’aujourd’hui. La partie révoltée, révolutionnaire de cette jeunesse, en lutte contre le pouvoir en place. Elle le fait aux noms d’idéaux du régime communiste, qu’elle ne connait pas vraiment, et au nom de la Russie éternelle qui est pour eux une véritable foi, au sens le plus religieux du terme,
Au nom de cela, ils cognent la police, mais la plupart du temps c’est eux qui s’en prennent plein la tête. Le rapport de force est évidemment écrasant en leur défaveur : une bande de jeunes voyous idéalistes qui s’attaquent à une bande de gangsters ayant tous les pouvoirs.
Le reste du temps, ils boivent et parlent beaucoup, dans une quête d’absolu impossible à satisfaire. On pense forcément à Dostoîevski, et Prilepine n’est pas du tout ridicule malgré cette comparaison écrasante. Le souffle y est, le talent aussi pour faire vivre tous ces personnages, y compris ceux du peuple quand, en pleine dérive, les jeunes « héros » se réfugient dans la Russie profonde. Un souffle qu’on rencontre rarement!