Les derniers livres que j’ai lus et aimés :
Le roi n’a pas sommeil, de Cécile Coulon (éd. Viviane Hamy)
Un léger déplacement, de Marie Sizun (éd. Arléa)
Rêves oubliés, de Leonor de Recondo (éd. Sabine Wespieser)
Trois romans, trois femmes écrivains qui nous font découvrir une littérature originale et un univers singulier.
Le roi n’a pas sommeil est un roman fascinant et énigmatique qui nous raconte la sombre destinée de Thomas Hogan, un enfant vulnérable qui tente de surmonter un héritage familial pesant. Cécile Coulon installe dès les premières pages une tension, le drame est là, grave et mystérieux servi par une écriture sobre et incisive. Son univers est empreint d’une certaine littérature américaine qui n’est pas sans rappeler John Steinbeck qu’elle cite en exergue.
Avec Un léger déplacement, Marie Sizun signe un roman d’une écriture fine est sensible. Ellen est libraire et vit à New York depuis 35 ans. Après le décès de sa belle-mère elle rentre en France vendre l’appartement de celle-ci. En même temps qu’elle retrouve le Paris qu’elle aimait tant, ce sont par petites touches, les souvenirs qui refont surface. Le passé s’éclaire à la lumière d’un léger déplacement…
Rêves oubliés de Leonor de Recondo est un roman lumineux et délicat qui au plus près du quotidien nous décrit La douleur de l’exil, de la fragilité de l’existence de ces êtres privés à jamais d’une part d’eux-même. C’est l’histoire d’une famille espagnole qui en 1936 quitte sa terre, quitte sa maison sans rien emporter, comme si elle partait pour un simple pique-nique pour ne pas éveiller les soupçons. Une famille qui s’installe dans un ailleurs et y attend le moment du retour. Ama dans le secret de son carnet intime écrit pour apprivoiser l’attente, la solitude, l’angoisse.
Nous sommes ici depuis de si nombreux mois et je réalise seulement au soir de cette triste journée que nous avons vécu uniquement dans l’espoir du retour. Ce rêve a lentement embrumé nos esprits, et maintenant la réalité nous frappe de plein fouet, fermant brutalement les frontières. Tant que le dictateur sera au pouvoir, nous ne pourrons pas revenir, nous le savons. Je ressens une blessure vive, une blessure de chair indescriptible, l’amour d’une terre, de ses odeurs, de ses rires, de sa langue que je perds irrémédiablement. J’y laisse mon insouciance, une légèreté de l’âme qui depuis trois ans s’est plombée de silences et de faux espoirs.
Un gros coup de cœur pour ce magnifique roman pudique et sensible.