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Un pays à l'aube, de Dennis Lehane (coll Thriller, éd. Rivages)

Un pays à l'aube, de Dennis Lehane (coll Thriller, éd. Rivages)

Publié en 2009, ce roman n’est pas le dernier « thriller » de Dennis Lehane. Non, il s’agit en fait d’un roman au souffle épique, retraçant un épisode historique de la ville de Boston sur fond de tensions sociales et manipulations politiques. Il s’ouvre au moment ou prend fin Contre-jour, de Pynchon, c’est à dire à la fin de la première guerre mondiale.

Fin XIXème- début XXème, les Etats-Unis connaissent une industrialisation rapide mais sauvage. Leur croissance économique a été fulgurante mais les inégalités sociales se sont accrues. D’autant qu’une vague d’émigration de grande ampleur est venue fragiliser le tissu social. La population noire est toujours stigmatisée et connait une ségrégation sévère contre laquelle le mouvement naissant des droits civiques peine à lutter.

En 1917, les Etats-Unis entrent en guerre et envoient des troupes en Europe. Les Noirs des états du Sud sont appelés à travailler dans le Nord du pays. Les hommes non mobilisés doivent participer à l’effort de guerre par un gel de leur salaire. Même l’A.F.L. (Fédération américaine du travail) accepte une trêve des revendications syndicales et des grèves. Mais l’inflation galopante paupérise toujours plus les travailleurs dont les conditions de travail sont par ailleurs épouvantables.

Des groupes politiques contestataires inspirés de thèses européennes ou russes prennent de l’ampleur. Il y a d’un côté ceux qu’on appelle les bolchéviks et qui défendent le droit des travailleurs. De l’autre, il y a les groupuscules anarchistes, comme celui introduit par l’italien Galleani et rendus célèbres par des figures comme Sacco et Vanzetti .

A la fin de la guerre, les Etats-Unis doivent reconvertir leur économie. Les soldats rentrent au pays, amenant avec eux une épidémie de grippe espagnole. Les Noirs sont alors virés des usines pour laisser la place aux boys dont beaucoup se retrouvent malgré tout au chômage. Le syndicalisme reprend de la vigueur, attisé par la misère sociale. Les activistes opposés au libéralisme posent des bombes en semant la terreur partout et organisent des attentats contre des personnalités politiques, notamment Alexander Mitchell Palmer, procureur général (c’est à dire en gros Ministre de la Justice). Les autorités politiques locales  tentent de discréditer et éliminer ces factieux soit en interdisant toute activité syndicale, soit en accusant les uns du malheur des autres, n’hésitant pas à mener de basses manoeuvres pour asseoir leur influence et leur pouvoir.

C’est dans ce joyeux contexte « cocotte-minute » que se déroule Un pays à l’aube. D’un côté, nous suivons l’histoire de la famille Coughlin, irlandaise d’origine. Le père Thomas est capitaine au BPD, la police de Boston. Le fils aîné, Aiden, appartient également à la police en tant qu’îlotier dans un des quartiers les plus mal famés de la ville. Son parrain, Eddy Mc Kenna, est un flic véreux et xénophobe qui tente de démanteler les mouvements syndicalistes. Il propose à Aiden de l’aider dans cette tâche en lui faisant miroiter une promotion rapide. Mais Aiden, en infiltrant les milieux contestataires, va peu à peu être gagné par leurs idées et deviendra une figure de proue des revendications des policiers de Boston et des émeutes sanglantes qui fatalement vont éclater…

En parallèle, nous suivons l’histoire de Luther Laurence, un jeune homme noir engagé au service des Coughlin. Embarqué malgré lui dans des histoires crapuleuses qui l’ont obligé à fuir sa ville, son travail et sa famille, il arrive à Boston et se trouve hébergé par une famille militante de la National Association for the Advancement of Colored People qui connait personnellement un de ses membres fondateurs, William Edward Burghardt Du Bois. Tête de turc d’Eddy Mc Kenna qui cherche aussi à couler le mouvement des droits civiques, Luther deviendra, malgré la pression sociale réprobatrice, l’ami d’Aiden à qui il sauvera la vie.

En marge de ces deux histoires émerge de temps à autre Babe Ruth, joueur de base ball au Red Sox de Boston avant son transfert aux Yankees de la rivale New York. Ceci nous vaut dès les premières pages du livre une longue et assez pénible description d’un match disputé entre des Blancs professionnels et des Noirs amateurs. Il ne faut surtout pas se décourager par cette introduction très technique car le reste du livre est vraiment haletant. Dennis Lehane nous décrit la ville, ses quartiers, ses habitants, avec une belle puissance d’évocation. Il nous fait vivre les émeutes de l’intérieur, illustre brillament la montée du Red Scare, décortique les manipulations politiques, les stratégies syndicales, les rouages de la société américaine de cette époque. Il convoque de grandes figures de l’histoire américaine comme celles évoquées plus haut mais également Hoover, à l’époque directeur de la General Intelligence Division du département de la justice, embryon du futur FBI.

Nul doute que le réalisateur qui s’emparera de cette histoire pour l’adapter au cinéma aura de l’or dans les mains.