Dans une vallée rurale des Appalaches, bientôt ensevelie sous les eaux par la construction d’un barrage hydraulique, un homme a disparu. Sa mère, persuadée qu’il a été assassiné par leur voisin, supplie le shérif du comté d’enquêter. Celui-ci, convaincu que le voisin est le meurtrier, doit se rendre à l’évidence : sans cadavre, il doit se résigner à clore l’enquête.
Ce récit qui commence comme un polar n’en est pas un. On est plutôt dans la grande tradition des romanciers du Sud des États-Unis, avec cette atmosphère lourde, pesante. L’originalité de ce roman réside aussi dans sa construction narrative. En faisant parler tour à tour les cinq protagonistes de l’histoire : le shérif, le voisin suspecté, sa femme, leur fils et l’adjoint, l’auteur distille, de façon malgré tout assez chronologique, les pièces d’un puzzle, sorte de tragédie grecque, ou chacun des personnages raconte son histoire, sa part de vérité. D’ailleurs celle-ci, dans une ambiance de fin de monde, finira par éclater.
Ron Rash, dans ce roman parfaitement construit, décrit avec beaucoup d’humanité le destin de petites gens, pauvres, besogneux, qui n’aspirent qu’à une chose : leur part légitime de bonheur malgré les turpitudes de la vie. Mais ce bonheur simple auquel ils aspirent ne peut se construire, sans les hanter toute leur vie, sur un mensonge.
Un pied au paradis est son premier roman publié en France. Ron rash est également l’auteur de recueils de poèmes et de nouvelles.